Savez-vous pourquoi cet hôtel particulier est surnommé le “Byzance du 7ème arrondissement” ?
Construit pour l’héritière d’une fortune considérable dans l’un des quartier les plus réputés de la Ville Lumière, où se côtoient ambassades et consulats, ce palais fut le théâtre de la vie sociale la plus cultivée et sophistiquée du début du XXe siècle, avant de devenir à son tour l’ambassade d’un pays européen. Une demeure familiale […]
Construit pour l’héritière d’une fortune considérable dans l’un des quartier les plus réputés de la Ville Lumière, où se côtoient ambassades et consulats, ce palais fut le théâtre de la vie sociale la plus cultivée et sophistiquée du début du XXe siècle, avant de devenir à son tour l’ambassade d’un pays européen.
Une demeure familiale avant d’être une ambassade
C’est dans le quartier de la tour Eiffel et des Invalides, à quelques rues de l’élégant Champ-de-Mars, qu’il fait bon se promener à la découverte de bâtiments indissociables de Paris : les ambassades et consulats. Des adresses dans lesquelles se discutent chaque jour des sujets d’importance, mais qui attirent irrémédiablement par leur beauté. Il faut dire que beaucoup d’ambassades à Paris sont installées dans des anciens hôtels particuliers, véritables petits trésors cachés qui racontent indirectement l’histoire de Paris. Parmi les plus belles ambassades de Paris, citons par exemple l’ambassade de Pologne ou d’Allemagne, située dans ce qui fut autrefois la propriété du beau-fils de Napoléon Ier. Au rang des plus belles ambassades de Paris, difficile de ne pas citer également celle de la Roumanie, située depuis 1939 dans le discret mais non moins exceptionnel hôtel de Béhague. Après avoir acquis le terrain où se trouve aujourd’hui l’ambassade au milieu du XIXe siècle, la comtesse Victoire-Félicie de Béhague fait appel à Gabriel Hippolyte Alexandre Destailleur, restaurateur de Courances et de Vaux-le-Vicomte, pour édifier un hôtel de style Louis XV, destiné à l’usage de Victoire-Félicie de Béhague et à celui de son fils, Octave de Béhague.
Immersion dans l’un des plus beaux hôtels de Paris
L’architecte à la renommée internationale, notamment lié à la famille impériale et aux Rothschild de Vienne, s’inspire pour l’occasion des décors anciens et réemploie d’anciennes boiseries et éléments de décor mis sur le marché au moment des reconstructions d’Haussmann. Mais dès 1893, Martine de Béhague, fille d’Octave, fait effectuer des remaniements par Walter-André Destailleur, fils du précédent architecte. Certains éléments sont alors intégrés au nouvel édifice, comme l’escalier de bois voisin et la précieuse Bibliothèque Ovale, où d’anciennes boiseries sont là encore réutilisées. Menant autrefois aux appartements de la comtesse, qui avait aussi aménagé un ascenseur, le grand escalier de bois vient harmoniser différentes rampes du XVIIIe siècle du nord de l’Europe. Et en parlant d’escalier, difficile de ne pas s’attarder sur l’un des joyaux de l’hôtel : l’escalier monumental orné de marbre polychrome, construit à l’image de l’escalier de la Reine à Versailles. Des marbres polychromes que l’on retrouve également dans l’éblouissante salle à manger, également décorée d’un tableau de Boucher, La Re-Naissance de Vénus. Autre pièce qui donne l’impression d’être à Versailles : la salle de bal, également appelée Salon d’Or, qui renferme de magnifiques boiseries rocaille.
À la découverte du plus grand théâtre privé de Paris
Mais l’endroit qui caractérise le mieux l’hôtel de Béhague, et qui lui notamment valu son surnom de “Byzance du 7e arrondissement”, c’est son théâtre privé. Avec ses colonnes de porphyre et ses mosaïques byzantines, il est l’emblème même des lieux. Reprenant la disposition des églises byzantines, cette salle de concert et de théâtre peut accueillir 600 personnes et demeure le plus grand théâtre privé de Paris. C’est ici que, pendant trente ans, Martine de Béhague a reçu les plus grands artistes invités à y interpréter leurs œuvres, comme Gabriel Fauré ou Isadora Duncan. Passionnée par l’art et grande voyageuse, la comtesse engage également pour bibliothécaire Paul Valéry, avec qui elle développa une longue amitié. Bâtiment partagé avec l’Institut Culturel Roumain de Paris qui y organise souvent des événements pour faire rayonner la culture roumaine et les liens franco-roumains, le théâtre abrite notamment un orgue du facteur Charles Mutin, construit en 1906. Cet ouvrage de 26 jeux, deux claviers et un pédalier de 32 notes possède une remarquable soufflerie hydraulique, quasi unique dans l’histoire de la facture d’orgue, et est notamment classé au titre des monuments historiques depuis 2007. Quant à l’hôtel, il est acquis par la République de Roumanie à la mort de Martine de Béhague en 1939, qui y installe alors son ambassade. Un lieu méconnu dans l’histoire de Paris, que l’on peut heureusement découvrir à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine.
Hôtel de Béhague
123 rue Saint-Dominique
75007 Paris
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Image à la une : Hôtel de Béhague © Alamy
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