Faire de vraies économies ? Mais, vous n’y pensez pas, grand fou !
Nous sommes dans la troisième semaine de janvier 2025, le budget pour l’année 2025 n’est toujours pas bouclé et tout indique qu’il n’est pas près de l’être : ça coince de tous les côtés. Il manque des douzaines de milliards, non pour un chimérique équilibre qui n’a plus été envisagé depuis 1974, mais pour simplement limiter […]
Nous sommes dans la troisième semaine de janvier 2025, le budget pour l’année 2025 n’est toujours pas bouclé et tout indique qu’il n’est pas près de l’être : ça coince de tous les côtés.
Il manque des douzaines de milliards, non pour un chimérique équilibre qui n’a plus été envisagé depuis 1974, mais pour simplement limiter le prochain déficit à un pourcentage déjà délirant du PIB (on évoque 5,4%, loin, très loin d’un 3% déjà fort peu glorieux).
Bien évidemment, quelques mesures d’économies (largement symboliques) sont envisagées et lorsqu’on les épluche, on découvre l’ampleur de l’escroquerie.
Ainsi, on évoque une baisse (de 10%) de l’indemnisation des congés maladie pour les fonctionnaires, ce qui permet presque d’économiser un milliard d’euros, mais l’absence de jours de carence pour eux rend l’ensemble de l’opération particulièrement douteux.
Ainsi, on envisage quelques heures d’esclavagisme pardon de travail non payé pour les salariés. Les économies seront d’autant plus risibles que le vol sera caractérisé.
Ainsi, on se demande si l’on ne pourrait pas revenir un peu sur l’aide médicale d’État (AME) et on sait, compte tenu de la volatilité de ce sujet, que ce sera bien vite oublié.
En revanche, il semble qu’on n’oubliera pas la disparition de « MaPrimRénov », énième bricolage étatique pour « compenser » des distorsions de marché en introduisant de nouvelles distorsions. L’économie sera d’autant plus microscopique qu’elle sera avalée par les prochains chèques-bidules, primes-trucs et autres distributions gratuites d’argent gratuit des autres que le gouvernement mettra en place pour compenser le tabassage fiscal permanent qui règne dans le pays.
Enfin, n’oublions pas de mentionner « l’économie » lumineuse qui consiste à augmenter une taxe (ici sur les transports aériens avec la « taxe de solidarité sur les billets d’avion », la TSBA) et dont l’actuel ministricule souhaite qu’elle ne soit pas trop reportée sur le consommateur, les entreprises devant faire des sacrifices. Décidément, la notion d’économie, chez ces incultes, est un concept particulièrement élastique mais se traduit toujours à la fin par une égale répartition de la misère et des pénuries. À vrai dire, on dirait du socialisme.
Mais malgré ces bricolages (et d’autres, qu’on multipliera pour arrondir ce petit angle-ci, enfoncer cette porte ouverte-là) il apparaît évident que le prochain déficit sera bien trop gros pour être gobé sans broncher par les marchés, les prêteurs habituels et les contribuables.
Et il est vrai que marchés, prêteurs et contribuables pourraient trouver la situation de plus en plus délicate : les faillites, en 2024, ont atteint des records qu’on n’avait plus vus depuis 2009 avec plus de 66.000 dépôts de bilan. Dans le sillage de ces faillites, ce sont environ 260 000 emplois qui sont menacés par ces défaillances en 2024, soit une augmentation de 41% par rapport à 2019. Et pour 2025, une nouvelle augmentation des faillites est anticipée, avec une estimation d’environ 68 000 entreprises en difficulté. On ne se rassurera pas en apprenant que cette hausse devrait principalement concerner les très petites structures : cela ne permettra au mieux que de rendre moins visible la catastrophe en cours.
Au passage, on notera que les secteurs impactés incluent la construction, le commerce, et l’hébergement-restauration. Dans l’immobilier, les faillites se multiplient à un rythme soutenu.
Zut, les gros bouillons d’argent frais du contribuable et des entreprises productives françaises pourraient un peu moins vigoureux que prévu. C’est gênant.
Faudrait-il se résoudre à faire de vraies économies ? À couper, vraiment, dans des gabegies, dans les douzaines d’agences, commissions, hautotorités et comités inutiles ? À réduire pour de bon le train de vie et le nombre d’institutions républicaines de plus en plus inutiles ?
Oh là, mon brave, comme vous y allez ! Avant d’en arriver à ce dernier recours, à cette extrémité droitiste de la gestion de l’État, à ce Javier-Mileïsme de la pensée économique, on peut trouver d’autres recettes.
Par exemple, on peut hem disons taxer les hum bon mettons … disons enfin bon hem les retraités. Hum. Non ?
C’est en tout cas ce que suggère la ministricule en charge du travail, en introduisant l’idée d’une contribution de certains retraités (présentés comme les « pluzaizés » forcément) histoire de participer au financement de la « protection sociale » (qui ne protège rien et est bien plus socialiste que sociale, mais peu importe).
Bien évidemment, cette proposition a déjà déclenché l’ire de la petite tranche d’électorat concerné. Comme elle se réduit déjà naturellement par attrition, on peut légitimement se douter que cela ne va pas renforcer le pouvoir en place, au contraire.
En outre, cette taxation-surprise ne résoudra en rien le problème d’équilibre du système de retraites, tant le système est vermoulu. Il est assez facilement démontrable que les retraites des fonctionnaires n’est pas correctement abondées et entraîne une grosse partie du déficit structurel, dans lequel s’ajoute un déséquilibre démographique de plus en plus criant.
Ce dernier étant en partie provoqué par une politique fiscale et familiale délirante que personne ne semble vouloir remettre à plat, ces mauvais fondamentaux ne seront pas corrigés, le déficit perdurera et les bricolages sur les pensions des retraités actuels ne feront, au mieux (et ce n’est même pas sûr) que faire gagner un peu de temps.
Bref, nos politiciens sont résolument en plein périplaquisme forcené et ne s’arrêtent pas là : puisqu’il faut trouver de l’argent, notamment pour « investir », voilà que le gouverneur de la Banque de France appelle à « mobiliser l’épargne privée ». Sans les guillements, cela veut dire que les autorités envisagent de spolier les épargnants pour arroser les copains-coquins.
Les trous, déficits, dettes et abysses budgétaires ne sont donc pas près d’être bouchées.
Pourtant…
Pourtant, la solution est là, sous les yeux de tous, politiciens compris : l’absence de budget voté jusqu’à présent entraîne… des économies très palpables. Pour le moment et sans rien faire de spécial, on estime ces économies à 2,5 milliards d’euros. C’est trop petit, bien sûr, mais cela donne une idée de la marge de manoeuvre possible avec un minimum d’efforts.
Poussons donc l’idée plus loin et fermons un maximum de ces services, agences, bâtiments, associations qui ne servent à rien. Mieux encore, les économies vont se multiplier et s’entraîner elles-mêmes, les fermetures de certaines activités entraînant l’arrêt d’autres et les économies afférentes.
Voilà pourquoi cela a marché en Argentine, pourquoi cela marchera aux États-Unis avec le DOGE, et pourquoi cela pourrait marcher en France… Mais cela ne sera surtout pas mis en place, et pourquoi, en conséquence, nous irons joyeusement (ou pas) à la faillite.
Ce pays est foutu.
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